BAEK YEO REUM PARCOURS

Minuit, l'heure du crime. En plus d'avoir angoissé toute seule pendant toute la soirée, ils avaient fait en sorte de faire monter le suspense jusqu'à la dernière minute. Te dandinant sur place pour tenter de te réchauffer dans la fraîcheur de novembre, on finit par vous donner le top départ. Léger haut le cœur alors qu'on vous laissait vous mettre devant la porte d'entrée, ornée d'une magnifique hache comme si quelqu'un avait tenté d'entrer par là. Si ça ne faisait pas partie du décor, tu l'aurais bien emporté avec toi. En réalité, tu ne connaissais même as les règles qui s'appliquaient une fois le perron passé. Généralement dans les foires, il y avait cet illustre panneau qui indiquait qu'on n'avait pas le droit de frapper, ou de mordre ou de se servir du décor pour se défendre. Là, c'était laissé à l'imagination des petits fous qui iraient se risquer dans ces lieux. « Et c'est parti. » tu lançais dans une voix mi-enjouée mi-tremblotante, tout en poussant la fameuse porte de tous tes cauchemars.

Ambiance de fin du monde pour commencer cette petite promenade de santé aux tréfonds de l'enfer. Tu décrivais les lieux du regard, tentant d'analyser les différents détails qui te donneraient un indice sur ce qui pouvait bien t'attendre. Bruit de verre craquant sous tes semelles, tu baissais les yeux vers tes pieds pour observer l'horrible spectacle qu'étaient ces membres livides traînant par terre. « C'est du silicone. » Tu te murmurais pour te rassurer. Bruit de toux, comme si quelqu'un était en train de crever d'une mauvaise angine non prise en charge par un professionnel de la médecine, oui. Puis ce bruit étouffé de chocs contre un plastique dur. Tu détournais le regard pour comprendre ce qu'il se passait, mais un peu trop tard. Pressés contre les vitres, la porte finit par céder sous le poids des coups portés, et ces êtres humanoïdes commencèrent leur chasse. Sauf que tu étais la proie. Galopant grâce tes grandes échasses, tu poussais des petits cris hystériques, tout en te jetant vers la prochaine porte, à quelques mètres, tout en entendant le sprint infernal des zombies derrière toi. Tu te jetais littéralement contre la seconde porte, entrant avec fracas dans la pièce suivante.

Pluie tombant soudainement au dessus de ton crâne. Machinalement, tu positionnais tes mains en visière pour éviter les gouttes qui ruisselaient déjà sur tes joues, trempaient tes épaules. Tu plissais les yeux pour observer cette figure fantomatique, à la couleur jaune canari se dandiner sous le rideau aquatique. Tu t'approchais lentement, tentant de contrôler tes claquements de dents, serrant les points pour te donner un peu de courage. Environ un mètre trente, armé de son ballon rouge, de son anorak jaune. Tu frissonnais en t'approchant, parce que tu n'avais pas vraiment d'autre choix, en réalité. Sa comptine lugubre fit ralentir ton avancée, alors que tu réalisais qu'il avait le regard rivé sur ce bateau en papier voguant parmi les vaguelettes des flaques. « T'es coincé ici ? » Tu demandais, et en guise de réponse, il se mit à ricaner tout en te tournant autour. « Est-ce que, tu peux, éviter. » Tu articulais alors qu'il commençait à te donner le tournis et que tu te dévissais la nuque pour pouvoir le garder en visuel. Apparemment pas. « Oh oh. » Tu reniflais bruyamment tout en réalisant qu'une silhouette venant de faire son apparition dans l'horizon. Cheveux couleur carotte, maquillage atroce inspiration joker cheap, collerette blanche. Tu n'avais jamais aimé les clowns. « Et c'est un non pour moi. » Tu ajoutais tout en tournant les talons et en détalant comme tu pouvais. Celui-ci là aussi allait te courir après, tu le savais, parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'atrocités qui se contentaient de vous fixer. Et tu avais bien raison parce que l'horrible personnage déguisé en cauchemar de fête foraine se mit à s'avancer de sa démarche malsaine, agitant sa tête comme si elle était remontée sur ressors.