[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Jieun avait pincé ses lèvres en lisant le message d’Haneul. Ah… Elle aurait dû le deviner. Il n’avait pas tourné la page. Lui demander de revenir exceptionnellement au Luffy Café le soir de la Saint Valentin… Comment pouvait-il penser qu’elle ne comprendrait pas ? Ah, tu es un idiot, Bang Haneul, qu’elle murmura, en secouant la tête devant le message, tournant ensuite pensivement la regard vers la fenêtre. Elle n’arrivait pas à y croire, elle qui avait si souvent repoussé ce moment. Elle aimait beaucoup Haneul, il était comme un mentor pour elle, le père qu’elle n’avait jamais eu. Mais ses sentiments restaient loin du romantisme. Une part d’elle avait le cœur brisé à l’idée de faire du mal à cet homme qu’elle estimait tant. Mais elle le lui devait, pour lui, pour eux, pour ce lien profond qu’ils avaient tissé.
Sans s’annoncer, elle s’était décidé, un soir, d’y aller pour la fermeture. Une tenue sobre, un maquillage discret pour ne pas trop époustoufler son ancien patron de sa beauté, Jieun était prête. Elle allait avoir vingt ans dans quelques jours et était donc désormais une femme. Et sa mère lui disait souvent qu’il y avait toujours une attraction entre les hommes et les femmes, surtout quand elles étaient jeunes. Elle comprenait maintenant. Dans le taxi, elle observait la ville, rêveuse, repensant à tous les bons moments qu’ils avaient passé ensemble, souriant en secouant la tête. Ah, si seulement leur amitié n’avait pas été assombri par les sentiments du plus âgé… Jieun espérait qu’ils arriveraient à surmonter cela, à rester amis. Payant la course, elle remonta doucement son sac sur son épaule, ouvrant doucement la porte du café. Un soupir lui échappe en regardant Haneul à distance alors qu’il semblait occuper à faire les comptes de la journée, un sourire ému se dessina sur ses lèvres. Il avait l’air si paisible… Elle s’en voulait par avance. La porte refermée vers elle, elle avança doucement. « Bonsoir Haneul… Comment vas-tu ? » Elle ne devait pas se montrer trop gentilles, elle savait que ce serait plus douloureux encore mais c’était plus fort qu’elle. « Tu es disponible pour discuter ? » Le ton qu’elle employait, les mots qu’elle utilisait. Oui, clairement, elle se croyait dans son propre drama.
Si j’avais su que gérer un café allait être parfois plus périlleux en matière d’organisation que d’avoir un Groupe de jeunes hommes à charge, j’aurais peut-être réfléchi plus longuement avant de me lancer dans l’aventure. Attention, j’adorais ça et le personnel était vraiment choupinet, mais le fait était que contrairement aux Idols, les étudiants qui travaillaient au Luffy pouvaient plus facilement refuser de faire ce qu’on leur demandait, puis-ce qu’ils n’allaient pas passer à la télévision ou voir leur réputation basculer du jour au lendemain s’ils faisaient un faux pas. Non, ici, en comparaison, c’était un peu le far west avec les maladies soudaines qui empêchaient certains de venir bosser comme par magie.
M’enfin, je n’allais pas me plaindre, il y avait pire, dans la vie. Cela dit, la saint Valentin approchait tout de même à grand pas et avec elle, je me demandais tout de même si j’allais réussir à gérer l’afflux de clients, raison pour laquelle j’avais fini par faire appel, en dernier recours, à une ancienne recrue. C’était un peu désespéré et je voulais bien le reconnaître, sachant que Jieun avait débuté, mais qui ne tentait rien n’obtenait rien non plus dans tous les cas.
Pour l’heure, il me restait encore une dizaine de jours avant la date fatidique et ce soir, j’avais laissé partir mon employée pour m’occuper de la fermeture afin de pouvoir en profiter pour m’assurer que tout allait bien, que rien n’était cassé et de faire un petit inventaire au cas où il y avait besoin de commander de nouveaux verres ou tasses (dieu sait qu’on les faisait vite tomber, ces choses-là). C’est alors que la clochette de l’entrée attira mon attention et qu’en relevant la tête, mon regard tomba sur celui de « Jieun ? » Alors ça, pour une surprise, c’était une surprise. Sa question me fis donc tiquer et je reposais alors doucement le stylo que j’avais en main pour quitter le comptoir afin de m’approcher d’elle. « J’ai un peu de temps, oui… tu veux boire quelque chose ? » Avait-elle des problèmes dans son agence ? Est-ce qu’il fallait que je m’improvise manager intérimaire pour aller régler des comptes avec le sien ? Un souci familial qu’aucun autre adulte ne pouvait résoudre dans son entourage ? Tous les scénarios me traversèrent l’esprit.
Enfin, tous sauf celui qu’elle s’apprêtait à me dévoiler.