jesse&james

Qu'on se le dise, il était hors de question que je laisse Jesse se relancer seul dans une épreuve comme celle d'il y a quelques mois. Rien que de repenser à la crise d'angoisse qu'il avait faite à la fin de son parcours, j'en avais la mâchoire qui se crispait. Frère à la noix que je faisais... je savais parfaitement comment les choses risquaient de se passer et je l'avais tout de même laissé grimper en haut de ces arbres... croyez-moi que la même erreur ne serait pas faire deux fois de suite. Enfin bon, aujourd'hui, il s'agissait juste d'une ballade dans la nature, donc concrètement, rien de terrible. Moi qui adorait la rando, j'étais parfaitement impatient d'aller me « perdre dans les bois » et globalement, d'être ailleurs que dans une salle d'entrainement, à mourir sur des enchainements de pas, pendant que Minjun, le « vrai idol » du groupe nous donnait l'impression que la chorégraphie était facile. « Tu vois la balise quelque part ? » C'était joli, Jeju, mine de rien... beaucoup plus que Seoul.

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« Ouais, dans ton cul. » Non, jurer en anglais ne rendrait pas la chose plus agréable. Trouver des balises et se promener dans la nature, c’était vraiment bien le genre de trucs que James kiffait, putain. À côté j’étais là comme un con. Fin c’était pour la bonne cause alors je ne m’en faisais pas trop, je me disais que ça allait au moins servir à quelque chose, mais tout ce que j’espérais, c’était ne pas me perdre et arriver à terminer ce parcours avant la nuit tombée. Non parce que je me connaissais, hein, j’avais la motivation d’une palourde par moments. Par chance, on n’avait pas pris Minjun : ça aurait été un vrai calvaire, ça. Non parce qu’il est bien gentil, mais parfois l’enthousiasme à ses limites, et je n’aurais pas eu envie de l’avoir sur le dos toute la journée. « Je sais même pas à quoi ça ressemble leur connerie, ça me stresse. Ça va me saouler.» Oui, encore, toujours. Je passai devant comme un con, évidemment.

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Un commentaire sarcastique ? Vous aviez entendu ça ? Non, parce que moi pas, ça faisait approximativement cinq ans que je tâchais de les ignorer soigneusement, afin d'éviter toute guerre d'éclater avec mon frangin, même si ce n'était pas toujours facile. Y'a des jours où je me demandais si son but n'était pas de tester ma patience, mais avec le recul, il fallait reconnaître que c'était juste son attitude générale. Il n'y avait pas de quoi enrayer mon enthousiasme pour autant, croyez-moi ! « C'est pas compliqué, on cherche un truc qui fait tâche dans le paysage et je parle pas de ta face de taupe. » Et tiens, en parlant de faire tâche, il était là, le petit signe qui nous indiquait la première direction à prendre à l'aide d'une flèche. « Là ! Attends, je vais juste remplir nos gourdes avant, on sait jamais, l'eau est safe, d'après les organisateurs... » Il fallait le préciser, sinon je savais qu'il ne voudrait pas y toucher.

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Mieux fallait une gueule de taupe qu'une face de rat, franchement. Parfois je me disais que si James et moi n'étions pas frère, il y a bien longtemps qu'on se serait étripés mutuellement. Enfin bon, je lève les yeux et je reconnais la putain de balise, ce qui me fait hocher la tête. « Okay, je vois. » On n'était pas sortis de l'auberge. J'eus un rire en l'entendant. « Euh, tu remplis la tienne si tu veux, mais moi je m'en passerai, j'ai pas envie de chopper la salmonelle à cause de tes conneries. » Il n'aurait manqué que ça pour que la journée soit un vrai carnage. Je l'attendis pour continuer notre chemin, posant les yeux sur ce qui semblait être un parcours de sport... « Tu veux pas faire un peu de sport ? C'est le moment où jamais pour appliquer les bonnes résolutions. » Perso, j'allais m'en passer, je faisais déjà assez avec les entraînements.

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Non ? Salmonelle ? Ben tant pis pour lui. Haussant les épaules sans insister, je remplis donc mon eau fraîche et naturelle de la nature, avec la bonne conscience de me dire qu'il n'y aurait pas de chlore là-dedans ou autres saloperies qu'ils utilisaient pour traiter dans les stations d'épuration. « Au pire, ça fait un peu l'immunité. » En cas de covid n°2. Rien de de repenser à la façon dont il s'était isolé dans la chambre, je n'avais pas envie de faire le commentaire.

Allez, quoi qu'il en soit, on pu donc se remettre en route joyeusement, et d'ailleurs, ça commençait sérieusement à monter, jusqu'à arriver à une station de sport qui ne me faisait clairement pas envie. Appliquer les bonnes résolutions, hein ? Pour la peine, je soulevais un peu mon t-shirt afin de vérifier que mes abdos étaient toujours présents, puis secouais la tête. « Une prochaine fois, peut-être... » Pour le moment, l'idée de marcher m'intéressait un peu plus et c'est sans nous attarder sur les installations qu'on se remit en route en suivant la prochaine flèche qui nous amena jusqu'à des buissons et autres arbres fruitiers qui ne semblaient pas tous très murs, si vous vouliez mon avis... « Hé, mais y'a des myrtilles ! » Trop cool ! « Bon, plus sérieusement de toi à moi, t'en es où avec Heajung ? T'as l'air de bien l'aimer. »